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Se plonger dans l’Histoire, trouver des sensations fortes, braver les interdits… nombreuses sont les motivations des adeptes de l’urbex. Apparue dans les années 1970, cette activité consiste à explorer des lieux abandonnés par l’Homme. Si internet et les réseaux sociaux rendent ce phénomène très populaire aujourd’hui, ses dangers n’en restent pas moindres. Dans cet article, TheCuriosity vous propose de revenir sur les origines de cette étonnante pratique, ses caractéristiques ainsi que le danger qu’elle représente.
Le fruit d'une désindustrialisation massive
Lors des années 1970 et jusqu’à la fin du XXème siècle, une vague de désindustrialisation touche les Etats-Unis et des pays d’Europe comme le Royaume Uni, la France ou l’Allemagne. Ainsi, de nombreuses usines sont délaissées et tombent alors en ruine. La ville de Detroit au Etats-Unis illustre ce phénomène : le secteur de l’industrie automobile, dans lequel la ville s’était spécialisé, s’est écroulé à la suite du choc pétrolier de 1973. S’ensuit un déclin économique marqué par un fort taux de chômage dû à la fermeture des usines Ford, General Motors ou encore Chrysler. Cependant, pour des raisons financières, peu d’infrastructures industrielles ont été détruites malgré leur fermeture. La nature reprend alors ses droits dans ces lieux abandonnés qui ont d’abord attirés pillards et casseurs, avant de laisser place aux curieux. Pendant les années 90, le terme Urbex apparaît, acronyme de l’expression anglophone Urban Exploration signifiant “exploration urbaine”.

Sur les traces de l'Histoire...
Malgré tout, l’urbex ne se limite pas aux bâtiments industriels abandonnés. En effet, cette pratique inclut des vestiges plus anciens et prend ainsi une dimension historique. Les châteaux en ruine, catacombes, anciennes écoles, hôpitaux et bien d’autres lieux désaffectés sont la proie des explorateurs urbains. Certains passionnés explorent d’anciennes structures encore intactes, qui témoignent d’événements majeurs de l’Histoire.
Les hangars abandonnés de la base de lancement de Baïkonour au Kazakhstan en sont l’exemple. Le cosmodrome anciennement soviétique, appartenant aujourd’hui à la Russie, est le centre de lancement le plus actif de la planète. Certains de ses bâtiments sont désaffectés et abritent des navettes spatiales construites pendant la Guerre Froide.
La préservation de ces endroits est donc un enjeu majeur pour les passionnés d’Histoire, c’est pourquoi un code informel encadre la pratique de l’urbex. Celui-ci est composé de plusieurs règles, comme ne pas divulguer la localisation des lieux que l’on a visités, ni les dégrader ou les piller.

Qui sont les explorateurs urbains ?
Le portrait type d’un adepte d’urbex est difficile à esquisser. Pour cause, les motivations qui les poussent à pratiquer cette activité peuvent être très variées, tout comme la manière d’opérer. Celle-ci est souvent mêlée à d’autres disciplines telles que le street-art, l’escalade, le parkour ou encore la photographie et la vidéo. Internet et les réseaux sociaux donnent à l’exploration urbaine une très large visibilité. Sur la plateforme YouTube notamment, des vidéos d’urbex comptabilisent plusieurs millions de visionnages, à l’image du reportage à Chernobyl de la chaîne Mamytwink (voir ci-dessous) en 2019. D’autre part, des vidéastes dédient exclusivement leur contenu à l’exploration de lieux abandonnés, atteignant pour certains des centaines de milliers d’abonnés. Le hastag #urbex compte plus de 10 millions de publications sur le réseau social Instagram, et près de 3 milliards de vues sur l’application TikTok. En d’autres termes, cette pratique en fascine plus d’un sur le net, et les adolescents sont les plus touchés. Braver les interdits, courir des risques et goûter de nouvelles sensations sont des finalités pour ces explorateurs en herbe, à un âge où beaucoup cherchent leur limites, parfois au péril de leur vie.
Quels risques physiques et juridiques ?
Du fait du non-entretien des bâtiments abandonnés, ceux-ci peuvent présenter des dangers pour ses visiteurs. Effondrements, gaz toxiques, explosions, chutes, inondations… nombreux sont les risques encourus par les adeptes d’urbex, surtout lorsqu’ils combinent celui-ci à d’autres disciplines comme le parkour ou l’urban climbing (escalade urbaine). En 2017, un jeune fervent d’urbex est décédé en chutant d’un pont lyonnais qu’il escaladait pour photographier la vue sur la ville.
Juridiquement, aucune loi n’encadre l’exploration urbaine. Malgré qu’ils soient abandonnés, les lieux d’exploration appartiennent généralement à quelqu’un ou à l’État. Y pénétrer consiste une violation de domicile et est donc passible de sanctions, comme l’énonce l’article 226-4 du Code pénal : “L’introduction dans le domicile d’autrui à l’aide de manœuvres, menaces, voies de fait ou contrainte, hors les cas où la loi le permet, est puni d’un an d’emprisonnement et de 15 000 euros d’amende”. De plus, l’accès aux bâtiments désaffectés est généralement interdit par des décrets ou des arrêtés préfectoraux.

Galerie
La thématique aussi mystérieuse que fascinante qu’est l’urbex égare ses adeptes dans les ruines du temps. En voici quelques clichés.









